Le plus long parcours en galeries couvertes parmi toutes les villes d’Europe, c’est le charme de Cuneo ! Qu’il fasse un soleil accablant, qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente, vous pouvez partir de l’extrémité du Corso Nizza, en traversant, l’immense place Galimberti, pour rejoindre la Via Roma et la parcourir entièrement, vous aurez traversé de bout en bout tout le cœur de ville sans jamais être à découvert. Mieux vous longerez constamment toutes sortes de commerces bien vivants, y compris cafés, pâtisseries et salons de thé où vous pourrez, comme Amélie, faire autant de pauses.
Les niçois, et comme eux beaucoup d’habitants de la zone frontalière du Piémont, raffolent d’escapades à Cuneo qu’ils appellent « Coni », comme en piémontais. Cuneo est son nom Italien. Coni et Nice sont sœurs (d’ailleurs jumelées depuis 1964), géographiquement, chacune d’un côté du massif du Mercantour – Argentera, que toutes deux appellent les « Alpes-Maritimes », et historiquement liées par leur passé commun au sein des Etats de Savoie. Ce peut aussi être une étape agréable entre la France et le reste du Piémont ou la région des lacs.
« Coni », en piémontais signifie « coin » ou pointe et désigne en divers lieux du Piémont des parcelles en pointe d’un triangle, ce qui est le cas de ce haut plateau, à 534 mètres au-dessus du niveau de la mer, au pied des Alpes-Maritimes, au confluent de la rivière Stora di Demonte et du torrent Gesso.
C’est là qu’en 1198 fut créée la cité, sur un plan à damier de part et d’autre d’une Via Maestra, devenue la Via Roma, ceinte de remparts. L’enceinte sera ouverte lors de la conquête napoléonienne et permettra de prolonger le damier pour l’expansion du centre-ville par une immense place rectangulaire, jadis appelée Piazza Nizza, aujourd’hui Piazza Galimberti, et, dans l’alignement de la via Maestra, en anglais on dirait « Mainstreet » (aujourd’hui, la via Roma), une large avenue, le Corso Nizza (en français : avenue de Nice) qui porte encore ce nom.
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Puisque cette fois-ci Amélie a choisi de séjourner à l’hôtel Principe del Piemonte, Piazza Galimberti, le seul qui donne sur la place, admirons avec elle, de jour comme de nuit, la superbe vue sur la place, depuis sa suite au deuxième étage. La place est d’un ordonnancement architectural à la symétrie axiale parfaite, héritière des plans d’alignement apportés par Napoléon Ier, poursuivis par Charles-Félix de Savoie, dans ce style néo-classique piémontais que l’on retrouve à Nice sur la place Garibaldi ou la place Massena. Dix palais à arcades en voûtes plein cintre, deux sur chaque largeur, trois sur chaque longueur, identiques, se répondent en face à face, reliés entre eux par des portiques façon arcs de triomphe romains, sous lesquels passent les rues adjacentes. Seuls se distinguent ceux au centre de chaque côté, surmontés en leur milieu de frontons triangulaire grecs, décorés de colonnes engagées. Celui de la galerie Ouest abrite le palais de justice.
Le mardi, jour du marché, l’un des plus grands du Piémont, la place fourmille, avec la friperie au centre et sur une rue adjacente les halles alimentaires, poissons, volailles, fromages, charcuteries, fruits et légumes…
Un tour de la place, à couvert sous les galeries, s’impose mais il vaudra mieux choisir un autre jour que celui du marché pour s’attabler tranquillement chez Airone, à l’angle de la place et du Corso Nizza. Cette pâtisserie ouverte en 1923, a conservé sa devanture en bois et marbre, ses plafonds à caissons. On y déguste les meilleurs « Cunesi », chocolats traditionnellement au rhum, qui fondent dans la bouche. Ils existent aussi au Grand Marnier. Un moment suspendu ! Ernest Hemingway, dont Amélie retrouve souvent les traces, a passé du temps ici, chez Arione, en 1954. On les imaginerait bien dégustant ensemble des « Cunesi ». L’écrivain aventurier appréciait particulièrement le style des françaises.
Amélie, toujours curieuse, poursuit du même côté des arcades, sous les galeries du Corso Nizza où scintillent les vitrines de joailliers, côtoyant d’autres enseignes luxueuses. C’est la partie XIXe de la ville.
Elle revient par la galerie Est de la place Galimberti pour s’engager enfin sur la Via Roma, dans le centre ancien.
Cet axe historique médiéval, depuis toujours bordé de galeries commerçantes, aux arches voûtées en ogive, blanchies à la chaux, est désormais réservé aux piétons. Un pavage clair unifie la voie. Beaucoup de façades restaurées offrent d’artistiques voire malicieux trompe-l’œil. Il s’en dégage une ambiance de calme et de sérénité. Les passants discutent tranquillement, aiment à s’arrêter au milieu de la rue, pour se saluer et converser.
Presque au début de la via Roma, la cathédrale Santa Maria del Bosco & San Michele est complètement encastrée dans les immeubles de la rue. La façade monumentale néo-classique, typique du Risorgimento, alignée sur ses voisines, se présente en temple grec antique. Le narthex forme un retrait. L’intérieur baroque majestueux, autour d’une impressionnante coupole, effondrée puis reconstruite encore plus haute, témoigne de la richesse constante de la ville et de sa province agricole qui monte sur les Langue et jusqu’à Alba. San Michele est le Saint Patron de Coni. Amélie reprend sa flânerie le long des arcades de la Via Roma.
Beaucoup de boutiques ont gardé leurs devantures en bois de la fin XIXe et début XXe. On trouve aussi bien des boutiques de luxe que d’autres plus originales, des commerçants totalement indépendants, les grandes enseignes et autres franchisés y règnent moins outrageusement que dans beaucoup d’autres villes. Elle s’attarde aux merceries, une chapellerie, Cerati, dépositaire de Borsalino, une galerie d’art.
Amélie décide de prendre un thé au « Caffè Côni Veja », dans la salle intérieure, véritable monument historique qui a conservé ses plafonds à caissons et ses salles voûtées à pilastres et plafonds peints.
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Elle passe devant le Palazzo Lovera, où elle a séjourné lors d’une précédente venue.
Dans la dernière partie de la via Roma, le palazzo communale reste toujours le siège de l’hôtel de ville, avec ses salons prestigieux.
Quant se posera la question du dîner, on aura le choix. La province de Cuneo est un terroir agricole riche, truffe blanche d’Alba, châtaignes, noisettes, vignobles du Barolo et des Langhe, élevage… Le centre historique fourmille de restaurants authentiques, surtout dans les ruelles perpendiculaires à la Via Roma. Parmi les plus fins, on trouve « I Cinque sensi » et l’ « Osteria Vecchio Borgo », tous deux sur la Via Dronero. Amélie a une affection particulière pour le San Michele, dans une autre ruelle toute proche où elle a réservé pour la troisième fois.
Il ne fait pas encore trop froid, ce sera un plaisir de marcher avec Amélie, couverte d’un manteau-cape gris perle et bottée de cuissardes noires, pour rentrer, jusqu’à la place Galimberti, y admirer le ciel bleu de Prusse depuis le balcon du Principe.
Amélie toujours aussi envoutante… irrésistible! Cette jupe en cuir lui va à merveille 🙂
Cher Cyneas,
merci pour cette appréciation.
Amélie
j’ai connu Cuneo au moi de mai, gros coup de coeur ; nous sommes restés seulement 3 heures car destination Paesana ; on y retourne cet automne. Nous allons rester 3 jours pour bien découvrir cette très belle ville.
Merci Amélie pour cette « flanerie »
Didier
Belle Amélie,
En jupe et bottes de cuir, vous surpassez Diana Rigg !
Dans la même matière, une combinaison Jitrois vous permettrait de jouer avec les zips, à votre fantaisie,
Tristan.
Si je suis Emma Peel en minirobe et bottes de cuir, vous êtes John Steed, avec votre chapeau melon et votre « tightly rolled umbrella ». Vous arrive-t-il d’en faire quelqu’usage, façon canne à pommeau, ou le gardez-vous toujours sous votre bras ?
Amélie
Belle Amélie,
Je ne dégaine l’épée que pour ma Dame!
Bonjour,
Un petit commentaire pour féliciter Amélie quant au choix de ses tenues vestimentaires. Je trouve qu’elles s’harmonisent bien avec les lieux et soulignent la beauté de la dame qui nous sert de guide touristique.
Merci Jean-Luc.
Amélie choisit en effet ses tenues dans l’esprit des lieux où je la photographie mais c’est aussi elle qui choisit les lieux d’exception.
IPH.