De Jongkind à Boudin et Monnet
S’il est un lieu où le mot « pittoresque » a un sens, c’est à Honfleur, cité des peintres par excellence. Son lien avec le mouvement impressionniste est particulièrement étroit.
Le hollandais Johan Barthold Jongkind, à l’époque lié aux membres de l’Ecole de Barbizon, veut peindre des marines et arrive sur la côte Normande. Sainte-Adresse, Trouville, Honfleur, c’est là qu’un ami commun, le peintre Moret, lui présente Eugène Boudin, natif de cette ville. Le Hollandais aura d’abord une grande influence sur le Normand. Plus tard, à la Ferme Saint-Siméon d’Honfleur, à l’occasion de séjours communs, il fera la connaissance de Claude Monet, l’élève d’Eugène Boudin ; Boudin auquel Monet doit notamment le choix de peindre en plein air, on disait « sur le motif », ainsi que la passion de restituer les changements de lumière et les effets météorologiques dans des séries de toiles d’un même paysage.
Eugène Boudin, partout
Amélie retrouve la silhouette de La Lieutenance sur une toile d’Eugène Boudin. La Lieutenance, dernier vestige des fortifications de la ville, ancien logement du Lieutenant du Roi, contrôle l’accès du Vieux bassin.
Les vignettes des galeries, comme celle ci-dessous, ne montrent qu’une partie de l’image. Pour les visualiser, cliquez sur l’une d’elles puis naviguez à l’aide des flèches.
Eugène Boudin encore, dans le quartier du port, Vieux Honfleur, qui conserve ses maisons médiévales et ses ruelles. Boudin a peint la place du marché avec le clocher de l’église Sainte-Catherine. Johan Barthold Jongkind a lui aussi immortalisé la place et l’allure si particulière du clocher de Sainte-Catherine.
Originale, la plus grande église en bois d’Europe
Ladite église Sainte-Catherine présente en effet plusieurs particularités. Elle n’est pas construite en pierre mais toute en bois, c’est même la plus grande église en bois d’Europe. Elle ne comporte pas une nef comme la plupart des églises mais deux nefs parallèles, édifiées l’une au XVe siècle, dont la charpente ressemble à une coque de bateau renversée, l’autre un siècle plus tard, plus semblable à une charpente de petite église gothique. Elle est dépourvue de transept.
Quant au clocher, exposé à la foudre, on a pris soin de le situer séparé, à bonne distance de la nef, pour protéger les paroissiens en cas d’incendie.
Claude Monet ou Eugène Boudin ?
Eugène Boudin, toujours lui, a représenté ce clocher, dans une toile que l’on a longtemps attribuée, à tort, à Claude Monet, parce qu’elle fut offerte au Musée Boudin de Honfleur par Michel Monet, le propre fils de Claude. En fait, Claude Monet admirait cette toile de son maître, lequel la lui avait offerte. Monet l’avait conservée précieusement. En comparant le style du Clocher Saint-Catherine et celui de La place Sainte-Catherine et le marché, lors d’une exposition qui les réunissait au Musée Jacquemart-André, il n’y eut plus aucun doute.
Les bas flancs des nefs ont toujours abrité des échoppes et, aujourd’hui encore, les étals du marché.
La balancement des Gymnopédies, sur les pas d’Erik Satie
Dans la rue Haute, après une dégustation de Calvados du Pays d’Auge, Amélie poursuit jusqu’à la maison natale d’Erick Satie, rue Haute.
Le balancement des Gymnopédies rythme le pas de la belle. « Je suis né très jeune dans un temps très vieux » disait ce musicien à l’esprit caustique. Satie, artiste original, homme anticonformiste, génie solitaire et très pauvre était pourtant l’ami d’Eugène Boudin, de Claude Debussy et de Jean Cocteau. Pour son ballet Parade, les programmes furent écrits par Guillaume Apollinaire et les affiches réalisées par Pablo Picasso. Réunissant aujourd’hui les deux amis fidèles, le musée Eugène Boudin est situé place Erik Satie.
Amélie dîne à La Lieutenance et loge à La Maison de Lucie
Ce soir, Amélie dîne à La Lieutenance, sur la place Sainte-Catherine. Elle y apprécie les ravioles de homard breton avec leur bisque de homard à l’estragon puis la pavé de thon rouge, aux saveurs d’acacia.
Elle loge à La Maison de Lucie, un petit hôtel de charme joliment décoré, installé dans plusieurs maisons de ville réunies.
Dans son itinéraire Normandie impressionniste, Amélie s’apprête à poursuivre sa route vers Etretat puis Rouen.
Chère Amélie,
Un véritable coup de cœur pour la photo prise au restaurant La Lieutenance.
Votre position assise toute de blanc vêtue, me fait dire que vous êtes LA STAR de Honfleur.
Votre élégance et votre charme auraient pu inspirer Claude Monet ou Eugène Boudin.
Merci Amélie de nous faire voyager dans le berceau de l’impressionnisme.
Cher Pascal,
c’est exactement l’effet recherché. Avec la gentille complicité de nos hôtes, la place dans le restaurant a été choisie pour fournir un fond beige à ma tenue blanc écru, produisant, avec la nappe et le parquet clair, ce camaïeu sous une faible lumière. L’image a été volontairement réalisée avec une faible définition, dans un esprit impressionniste. Ma chevelure, involontairement mouillée par la pluie, a facilité cette coiffure.
Bravo pour votre sens aigu de l’observation. Il est en effet agréable que le résultat soit remarqué.
Inspirer Eugène Boudin ou Claude Monet ! Merci aussi pour vos compliments, auxquels je suis sensible.
Amélie
Bonjour cher compagnon de voyage d’Amélie,
Je tiens à formuler mes compliments quant à vos carnets de voyage riches en recherches documentaires, en détails descriptifs, en impressions et admirablement bien illustrés.
A une autre époque, vous aurez utilisé du fusain et autres peintures pour immortaliser les paysages et les scènes de vie. Même si vous avez décidé de changer de techniques pour coucher sur le papier (virtuel, bien sûr) toutes vos découvertes, rencontres et impressions, en optant pour un appareil photographique, vous avez gardé le style des antiques carnets de voyage. En effet, vous en avez conservé l’aspect descriptif par le cadrage, la mise en valeur du sujet et par une retouche photographique discrète qui se fait avec parcimonie. Vous faites fi des photographies avec des cadrages et des filtres loufoques que l’on voit souvent sur l’internet.
J’attends donc avec impatience vos nouveaux carnets de voyage.
Merci cher Jean-Luc, pour cette analyse pertinente qui éclaire nos visiteurs.
En effet, les prises de vue se faisant sans le matériel lourd des image publicitaires, tels que les projecteurs et déflecteurs, des ombres parasites peuvent apparaître. C’est à peu près les seules retouches que nous nous autorisons. Sinon, je préfère passer autant de fois que nécessaire sur un lieu jusqu’à y trouver la lumière qui me convienne. De même pour les portraits d’Amélie. Nous préférons écarter un cliché peu satisfaisant plutôt que le retoucher et d’aboutir à un résultat qui ne lui ressemblerait plus.
Vous faîtes désormais partie de nos compagnons de voyage.
IPH