Un grand cru, le talent d’Aurélien Nourry, dans un grand millésime, 1989, année de naissance de celui-ci, accompagné de plats emblématiques à la truffe, tout cela à Nice, sa ville chérie, voilà une recette propice à motiver l’épicurienne Amélie. D’autant que ce jeune chef, qui a ouvert son restaurant il y a trois ans, propose un voyage gourmand, à tous égards très abordable.
La mode de cet hiver sied à Amélie pour cette dégustation de truffes. Son long manteau laisse apparaître des cuissardes en daim noir, des collants chair sous une courte jupe de velours finement côtelé bleu et un petit haut noir décolleté. Nous lui emboîtons le pas.
L’art de se distinguer.
Aurélien Nourry sait faire juste ce qu’il faut pour qu’on le remarque. Ainsi, dans cette longue rue Smolett, de jour et plus encore de nuit, on distingue de loin le Millésime. De jour, c’est une petite terrasse sur tapis façon pelouse, sur laquelle sont posées des ensembles en rotin très contemporains et un tonneau. L’ambiance y est alors celle d’un bistrot original. De nuit, devant le restaurant, entre deux petits réverbères, une statue féminine lumineuse versicolore alterne les tonalités diaprées. L’enseigne brille en lettres dorées sur fond noir dans une police de caractères plutôt Belle Epoque.
Les vignettes des galeries, comme celle ci-dessous, ne montrent qu’une partie de l’image. Pour les visualiser, cliquez sur l’une d’elles puis naviguez à l’aide des flèches.
Pour le plus important, sa cuisine originale, le jeune chef n’oublie pas de mettre sur les réseaux sociaux, chaque semaine le nouveau menu et pour chaque occasion les menus spéciaux assortis de nouvelles ou de commentaires en vidéo.
Un intérieur douillet.
A l’intérieur, sa compagne, la niçoise Emilie, et lui ont su transformer une ancienne pizzeria – friterie en une salle originale. Une lumière tamisée, des peintures beige et crème, un grand cadran mural d’horloge, une fontaine – statue féminine, un chemin de lumière noire violette autour du comptoir de bar et de la musique douce créent une ambiance douillette.
Derrière une vitre on voit œuvrer le chef, dans une cuisine moderne et rationnelle.
Aurélien Nourry œuvre seul en cuisine. Un autre Aurélien opère seul en salle, ayant pris la suite du beau-frère du chef, pâtissier de son état, venu aider au service pour les débuts du restaurant. Le duo est remarquablement efficace, surtout pour des plats toujours cuisinés et dressés à la minute. Le temps d’attente est bref, juste ce qu’il faut. Vers la fin du service, le chef prend même un moment pour passer en salle et échanger avec les convives.
Itinéraire d’un jeune Breton déterminé.
Le Millésime est une étape significative dans le parcours d’un jeune homme déterminé. Originaire de Ploemeur près de Lorient, après un CAP de cuisine brillamment obtenu, puis un an de mention complémentaire « dessert de restaurant », il a commencé son apprentissage près de chez lui, certes, mais dans une table étoilée, celle de l’Avel Vor (le vent de mer, en Breton), à Port-Louis, dans son Morbihan natal. Il s’est ensuite envolé vers la Côte d’Azur où il a travaillé à Cagnes-sur-Mer, à La Bourride, et presqu’à côté, au Bistrot de la Marine avec Jacques Maximum, à Falicon au Parcours Live avec Frédéric Galland, à Nice au Radisson puis au Méridien avec Sébastien Giannini, à Monaco, dans la brigade de Joël Garault à l’Hermitage. Tout cela parle aux gastronomes comme Amélie.
C’est à Nice, à La Roustide, rue Beaumont, qu’il devient chef. Il y découvre le goût de la truffe et se fait apprécier de la clientèle qui, par le bouche à oreille, viendra le retrouver quand il ouvrira son propre restaurant dans la rue voisine.
Des choix exigeants.
Bien sûr, son parcours et ses décisions exigeantes de confectionner lui-même toutes ses préparations, dont son foie gras et maintenant ses glaces, de ne travailler que des produits artisanaux, de préférence locaux (les légumes d’un petit maraîcher de Gattières, les œufs de la ferme bio Lavancia d’Agnès et Renaud Papone à Puget-Théniers), frais, en assiettes dressées à la minute afin de ne rien perdre de la fraîcheur, des parfums et des saveurs, imposent une courte carte et expliquent la cuisine d’Aurélien Nourry : méditerranéenne matinée d’influences bretonnes et de touches exotiques (wasabi, shizo, patate douce…), avec des plats emblématiques, souvent à la truffe. Il retrouve aussi des légumes anciens, topinambour, rutabaga, panais.
Le chef s’adapte aux aléas climatiques des productions et des arrivages du marché tout proche. Ainsi, hormis quelques plats emblématiques (risotto à la truffe, avec des truffes « borchi » livrées du jour, glace au brie de Meaux), il renouvelle constamment sa carte avec une imagination inépuisable. Chance pour les gourmands, les bonnes surprises d’hier ne sont pas les lassitudes de demain.
Le plus jeune « Maître restaurateur ».
C’est aussi fort logiquement, puisqu’il en remplissait toutes les conditions, qu’il a reçu le titre de « Maître restaurateur », depuis juillet 2016 ; l’un des plus jeunes parmi la centaine de confrères du département. Cet unique label reconnu par l’Etat (initié par décret du 14 septembre 2007 du ministre du commerce et de l’artisanat), n’est pas assez médiatisé. Il garantit d’éviter les « chefs micro-ondes » et autres surgelés attrapes touristes.
L’emplacement aussi, dans cette rue ni touristique ni passante conduit à son choix d’une offre bistronomique. Il la décline en déjeuners de travail originaux, hors de la routine et en dîners tout aussi hors du commun et plus glamours, tables nappées, bougies, dans une salle de 24 couverts et une dizaine sur la terrasse aux beaux jours. Les prix sont particulièrement raisonnables.
Vous connaissez sa prédilection pour les repas autour de la truffe. Amélie a donc choisi l’œuf de poule de la ferme Lavancia, avec son crémeux de parmesan, crispy chorizo et truffes. Elle a poursuivi avec le fameux risotto à la truffe noire, tuber melanosporum. Enfin, elle s’est régalée d’une mousse de chèvre à la truffe, tuile de jambon Serrano et chapelure de speculoos.
Un homme de cœur.
Aurélien a toujours été un homme de cœur. Tout juste apprenti, déjà il s’engageait contre l’alcool au volant. Il fait partie des “ Toques Brûlées”, groupe de chefs fondé par David Faure, et collabore avec les Harley du cœur pour des actions caritatives au profit des enfants. Cet hiver, il se mobilisait pour distribuer des repas de fête à des sans abri. Il expose aussi les photographies de ses amis comme celles de « Nice nouveau » de Vincent Charles devant lesquelles pose Amélie lors d’une venue précédente.
Autant de bonnes raisons pour apprécier le Millésime et son jeune chef, qui n’a pas fini de faire parler de lui.
Le Millésime. 17, rue Smolett. Nice. 04 93 56 00 13
Cet article fait partie d’une série consacrée à Nice
Merci, cher narrateur de m’avoir fait découvrir cet établissement que je ne manquerai pas de tester, même si à présent il faudra attendre l’hiver prochain pour avoir le plaisir de déguster quelques délicieux mets à la truffe.
Fervent admirateur de votre muse gourmande, j’ai éprouvé un réel plaisir à retrouver Amélie resplendissante, dans cette fort audacieuse tenue vestimentaire, très en beauté, bottée ! Si j’ose dire…
Cher Serge,
merci pour cet élogieux commentaire. Il est désormais possible de s’abonner à la newsletter d’ imagine-amelie.com