Deux figures tutélaires depuis le Moyen-Age
« Votre Duc, notre Roi, mon ancêtre… » a dit, en français, le prince de Galles, Charles d’Angleterre, venu s’incliner, dans l’abbatiale Saint-Etienne de l’Abbaye aux Hommes, sur le tombeau de Guillaume Le Conquérant, en vieux normand, Williame Li Conquereor. Le prince Charles ne manqua pas de rendre aussi hommage à la Reine Mathilde, épouse de Guillaume, elle aussi son aïeule puisque la dynastie fut le fruit de leur union.
Depuis le XIe siècle, les personnages de Guillaume et de Mathilde veillent sur Caen, en figures tutélaires. Caen leur doit ses deux grands ensembles monumentaux, d’architecture romane : L’Abbaye aux Hommes, voulue par Guillaume et l’Abbaye aux Dames, voulue par son épouse, la reine Mathilde, et qui abritent leurs sépultures respectives. Aujourd’hui encore, les illustres époux forment une symétrie encadrant le cœur de la ville.
L’abbaye aux Hommes abrite de nos jours l’Hôtel de Ville de Caen, tandis que l’Abbaye aux Dames est le siège de la Région Normandie, maintenant réunifiée.
Les vignettes des galeries, telles ci-dessous, ne montrent qu’une partie de chaque image. Pour les visionner complètement, cliquez sur l’une d’elles et naviguez à l’aide des flèches.
Le fief du Bâtard Guillaume
Guillaume, le Bâtard de Normandie, Guillaume vainqueur à Hastings, devenu « Le Conquérant », une fois sacré roi d’Angleterre et guerroyant sans cesse pour agrandir ses possessions a commencé par s’imposer ici, à la tête du Duché. Son château fort, juché sur la colline qui domine la ville, le rappelle encore à tous, jour et nuit.
Pour qui arrive, il y a deux grands repères dans le centre de Caen, l’Orne et les remparts du château. L’Orne, par un bras alimente les bassins, devenus le port de plaisance et le canal de Caen à la mer, abritant le port commercial intérieur. L’autre bras file se jeter dans la Manche, à Ouistreham, port industriel et commercial de Caen, à seulement 10 kilomètres. Quant au château, il forme le point de butée des grandes artères que sont l’avenue du Six-Juin et la rue Saint-Jean, parties l’une et l’autre des bassins. La rue Saint-Pierre, qui irrigue aujourd’hui le centre piétonnier, vient former un angle droit avec l’une puis l’autre, sur l’esplanade de l’église Saint-Pierre, aux pieds des remparts.
Le repos de la reine Mathilde
Mathilde de Flandre, épouse de Guillaume le Bâtard, duchesse de Normandie puis reine d’Angleterre est connue comme Reine Mathilde, l’autre grand personnage de l’histoire Caennaise et normande. C’est la femme de caractère qui a su tenir le duché et toute la famille pendant que son époux régnait sur l’Angleterre et guerroyait tout autour.
Avec quelque ironie, depuis son tombeau, dans le choeur de l’abbatiale Sainte Trinité de l’Abbaye aux Dames, son abbaye, Mathilde domine les remparts de son époux ainsi que, l’Abbaye aux Hommes et tout le cœur de ville. L’Abbaye aux Dames, monastère de moniales bénédictines, respire la sérénité, de la crypte du XIe siècle au couvent du XVIIIe siècle.
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Les bois sculptés de la rue Saint-Pierre
Il subsiste peu d’architecture traditionnelle normande à Caen. Il y a donc d’autant plus lieu de prêter attention à l’une des rares demeures Renaissance, au 54, rue Saint-Pierre, classée monument historique. Construite probablement en 1509, pour un échevin de la ville, Michel Mabrey, sa façade à pans de bois, torchis et brique, conserve ses colombages et surtout ses meneaux de bois finement sculptés. Sa voisine, au numéro 52, mérite aussi un regard.
Également sur la rue Saint-Pierre, Amélie s’intéresse à la Librairie Générale du Calvados. Celle-ci occupe le rez-de-chaussée d’une bâtisse du XVIIIe siècle, appelée la Maison Chibourg, du nom du médecin-chef des hospices de la cité ducale de Caen. La librairie fut conçue en 1903, par l’architecte Auguste Nicolas (qui assumait à la fois son cabinet et la charge d’architecte des Monuments historiques), à la demande de l’éditeur-libraire Louis Jouen. Son décor, de style Belle Epoque, évoque les sciences.
Une ville dévastée par les bombardements américains
Pour le reste, la ville a été dévastée, réduite à un champ lunaire de ruines par les bombardements américains, exigés par le général Eisenhower malgré les supplications de Winston Churchill, craignant un carnage, pendant 78 jours à partir du 6 juin 1944, tuant des milliers de civils et manquant ses objectifs militaires (à l’inverse de ce qu’affirmèrent les communiqués officiels émis par l’US Air Force à l’époque mais unanimement démentis depuis). Contrairement aux bombardements britanniques, effectués par des chasseurs en piqué, qui atteignaient toujours leurs cibles avec peu ou pas de dommages collatéraux, les bombardements américains, réalisés par des forteresses volantes, larguant des milliers de tonnes de bombes depuis des kilomètres d’altitude, frappaient souvent à plusieurs kilomètres de leurs buts. Ainsi, malgré des déluges de feu plongeant la population dans l’horreur, l’US Air Force n’a pas réussi à détruire les ponts sur l’Orne.
On trouve donc largement à Caen cette architecture des années 50, dite « de la reconstruction », faite de parallélépipèdes rectangles beige clair ou blanc, à toitures de tuiles grises, la même qu’au Havre, à Saint-Nazaire, Toulon, Rouen… qui ont en commun d’avoir été martyrisées par les bombardements américains. Autre point commun reconnaissable, dans les avenues centrales rectilignes de ces villes, les architectes ont conçu des galeries à colonnades, protégeant les promeneurs de la pluie.
Après avoir visité les Abbayes, les remparts, l’église Saint-Pierre, fait du shopping rue Saint-Pierre, Amélie se prépare pour dîner chez un maestro : Stéphane Carbone, tout près du port de plaisance.
Belle Amélie, vous avez la grâce et la noblesse d’Edith au col de Cygne.
Tout à vous,
Noble chevalier,
si j’avais à reconnaître votre corps, j’espère qu’à la différence d’Edith au Col de Cygne, je ne vous trouverais pas occis sur le champ de bataille.
Amélie